Non, la pandémie mondiale de covid-19 ne doit pas être l’occasion d’interdire aveuglément tout commerce d’animal sauvage, ni la détention ou l’élevage d’animaux par des particuliers !
La fédération française d’aquariophilie relaye sur son site une lettre ouverte des acteurs du commerce animalier suite aux différentes vélléités maladroites ou dangereuses de certaines organisations de profiter de l’émotion et l’inquiétude provoquées par l’épidemie mondiale de coronavirus pour obtenir l’interdiction pure et simple de tout commerce de faune sauvage.
Si cette prohibition du commerce de la faune sauvage, peut sembler être une bonne intention, elle masque en fait les agissements de certains lobbies antispécistes qui s’appuient sur des sentiments et ignorent toute analyse scientifique en vue de faire interdire l’élevage ou détention d’animaux par des particuliers.
Ces positions aveugles vont à l’encontre même des positions et des souhaits d’organismes comme l’UICN1 ,ou l’IIED 2.
C’est d’autant plus dommage que ces positions tendent à ruiner tous le travail du CITES3 en faveur de la protection des espèces sauvages et à laisser le champ libre au traffic d’espèces …
Lettre ouverte aux organes directeurs nationaux et internationaux concernant les appels d’ONG pour mettre fin au commerce d’animaux vivants sous toutes ses formes en réponse à la pandémie de COVID 19
Nous pensons que ces organisations utilisent le malaise entourant la crise actuelle due au Covid 19 pour poursuivre un programme politique de longue date afin d’interdire le commerce des espèces sauvages, sur la base d’une opposition idéologique à l’utilisation et à la détention d’animaux, plutôt que de toute preuve d’un lien entre l’actuelle pandémie et le commerce légal des animaux de compagnie, et sans une compréhension scientifique ou factuelle de la complexité de ce commerce ou des conséquences mondiales qui pourraient en découler.
Nous exhortons les organismes nationaux et internationaux régissant le commerce d’animaux vivants à résister aux appels à l’élimination du commerce des espèces sauvages et plutôt à s’appuyer sur une science solide, une bonne réglementation et une application rigoureuse pour empêcher la propagation des maladies.
Ces campagnes d’ONG sont en contradiction directe avec les arguments considérés, bien documentés et fondés sur des données probantes, présentés par des institutions scientifiques indépendantes telles que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED) et le programme d’Oxford Martin sur le Commerce de la faune.
Ces organisations ont clairement exposé les arguments en faveur d’une utilisation légale et durable de la faune et des conséquences imprévues pour la faune qui pourraient survenir si des campagnes comme celles-ci étaient contestées.
Des interdictions aveugles et étendues auraient un impact négatif significatif sur les communautés responsables de l’élevage d’animaux de compagnie. Pendant des siècles, nous avons partagé notre vie avec une grande variété d’espèces, chiens, chats, poissons rouges, geckos… Les animaux vivants destinés au commerce d’animaux de compagnie ont été échangés entre pays avec succès pendant des décennies dans le cadre d’un système fortement réglementé et évalué en permanence qui protège la santé humaine et animale.
La recherche montre que la compagnie d’animaux de compagnie améliore la santé humaine et le bien-être mental (incroyablement important pendant le confinement actuel forçant l’isolement social mondial), apporte un lien direct avec la nature jusque dans nos maisons pour nous et nos enfants dans ce monde de plus en plus urbanisé, aide à développer une plus grande compassion pour les animaux et une meilleure compréhension du monde naturel, et contribue de manière significative à nos économies nationales.
Qu’il s’agisse d’animaux de compagnie ordinaires comme les chiens ou les chats, ou d’espèces spécialisées comme les poissons tropicaux, les serpents, les araignées …, les possesseurs d’animaux de compagnie et la communauté des éleveurs qui les rassemble reconnaissent facilement la nécessité de se procurer et de prendre soin de ces compagnons de manières responsable et légale.
Nous voulons mettre fin à l’utilisation non durable et au trafic illégal d’espèces sauvages. Les pratiques non durables et illégales, qui nuisent à la biodiversité, entachent et diabolisent la réputation de ceux qui travaillent de manière durable et légitime. Nous soutenons l’élaboration de politiques plus strictes et des mesures d’application de la loi accrues à travers le monde pour s’attaquer à ces problèmes.
Mais ces défis clés sont marginalisés par ces appels irréalistes à des interdictions générales. Nous devrions tous vouloir travailler ensemble pour apporter des changements qui peuvent aboutir à des améliorations durables et efficaces.
Nous devrions tous chercher à améliorer la réglementation et l’application du commerce des espèces sauvages, en mettant l’accent sur la santé publique humaine et le bien-être animal afin de minimiser le risque de transmission de zoonoses et de réduire la dégradation et la fragmentation d’origines humaines des habitats afin de préserver la biodiversité dans le monde.
Nous devons également être conscients de la nécessité de préserver les moyens de subsistance des millions de personnes qui vivent du commerce légitime d’animaux vivants, en particulier de ceux qui vivent dans certaines parties du monde sans la sécurité sociétale dont jouissent nombre d’entre nous, en occident (d’où proviennent souvent ces arguments en faveur des interdictions).
Nous, les soussignés, sommes prêts à travailler en collaboration avec les gouvernements, les ONG et les autres communautés de parties prenantes pour identifier des solutions réalistes et fondées sur des preuves scientifiquement soutenables afin de réduire l’utilisation dangereuse, illégale et non durable des animaux tout en soutenant le commerce durable et bien géré des ressources sauvages, ceci étant les éléments centraux de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction, de la Convention sur la diversité biologique et les objectifs de développement durable des Nations Unies.
Les signataires
Svein A. Fosså, président de l’EPO
Créée à Vienne en avril 1990, European Pet Organization (EPO) est une coalition de parties intéressées à protéger et promouvoir les intérêts de l’industrie européenne des animaux de compagnie. Représentant la voix du secteur des animaux de compagnie en Europe, l’EPO représente dix associations professionnelles dans dix pays représentant des milliers d’entreprises, dont de nombreuses PME ou micro-entreprises.
Dominic Whitmee, directeur général, OATA (Royaume-Uni)
Ornamental Aquatic Trade Association représente les intérêts de plus de 850 membres britanniques qui couvrent toute la chaîne d’approvisionnement des aquariums domestiques, des importateurs, grossistes, producteurs, détaillants et fabricants, dont beaucoup sont des PME ou des micro-entreprises. Le secteur de l’aquarium domestique contribue à hauteur de 400 millions de livres sterling par an à l’économie britannique et emploie 12 000 personnes.
Craig Brummell, président du Conseil d’administration de PIJAC Canada
Pet Industry Joint Advisory Council of Canada (PIJAC) assure le leadership et la communication entre tous les secteurs l’industrie des animaux de compagnie par le biais de ressources, de formation et de plaidoyer pour promouvoir le plus haut niveau de soins aux animaux. L’association représente plus de 1 500 entreprises, encourageant la collaboration et l’élaboration de normes pour soutenir l’industrie canadienne de 9 milliards de dollars et le succès des familles d’animaux de compagnie partout dans le monde.
Mike Bober, président et chef de la direction, Pet Industry Joint Advisory Council (PIJAC) (États-Unis)
Fondé en 1971, Le PIJAC est la voix législative et réglementaire de la communauté responsable des soins aux animaux aux États-Unis, travaillant à promouvoir le bien-être animal et la propriété responsable des animaux, à favoriser la gérance environnementale et à garantir la disponibilité d’animaux sains.
Shane Willis, président, Ornamental Fish International (OFI)
OFI est la principale association commerciale internationale représentant l’industrie des poissons d’ornement depuis sa création en 1980. L’OFI représente des membres de plus de 30 pays à travers le monde et comprend des membres de tous les secteurs de l’industrie (producteurs, exportateurs, importateurs et détaillants) ainsi que plusieurs ONG et autres associations professionnelles. OFI représente et promeut les intérêts de l’industrie en faisant du lobbying auprès de diverses institutions à travers le monde ainsi que l’éducation de l’industrie et des amateurs aux meilleures pratiques responsables et durables. En 2017, les membres de l’OFI ont adopté une nouvelle charte garantissant la conduite d’un commerce éthique, équitable et légal.
Chris Newman, directeur général, REPTA (Royaume-Uni)
Reptile and Exotic Pet Trade Association (REPTA) représente l’intérêt du commerce spécialisé des reptiles, des amphibiens et des invertébrés au Royaume-Uni dans tous les secteurs d’activité des importateurs, grossistes, détaillants et éleveurs. Le commerce des animaux exotiques au Royaume-Uni contribue annuellement à plus de 350 millions de livres sterling par an à l’économie britannique.
Dr Jim Collins, coordinateur, SUN (Royaume-Uni)
Le réseau des utilisateurs durables (SUN) est une organisation regroupant associations affiliées avec un large éventail d’intérêts pour le commerce et la conservation des espèces animales non domestiquées et pour le commerce et la culture des plantes. L’adhésion va de grandes organisations comme le Conseil national pour l’aviculture, le Hawk Board et la Royal Horticultural Society à une multitude de petites sociétés spécialisées.
Adolfo Santa-Olalla, président de la Commission des animaux vivants de l’AEDPAC (Espagne)
Asociación Española de la Industriay y el Comercio del Sector Animal de la Compañía (AEDPAC) regroupe les principaux importateurs, fabricants et distributeurs de produits pour animaux de compagnie qui opèrent sur le marché espagnol. Son objectif est de promouvoir l’industrie et le commerce de l’industrie des animaux de compagnie : produits et accessoires, aliments, services, équipements et produits de santé animale.
Svein A. Fosså, secrétaire général, NZB (Norvège)
L’Association norvégienne du commerce des animaux de compagnie (NZB), fondée en 1978, compte au total 160 entreprises membres, parmi lesquelles des fabricants, des importateurs, des grossistes et des détaillants, tous s’appuyant sur le commerce durable d’animaux de compagnie vivants et de passe-temps.
Gerrit Hofstra, Secrétaire adjoint, DIBEVO (Pays-Bas)
Dieren Benodigdheden en Voeders (DIBEVO) est l’organisation industrielle néerlandaise représentant tous les opérateurs de l’industrie du secteur des animaux de compagnie aux Pays-Bas, couvrant les fabricants de produits secs et d’animaux vivants, les grossistes, les exportateurs, les importateurs et les animaux de compagnie, les magasins, les jardineries avec des départements « animaux » et les entreprises de soins aux animaux (pensions d’animaux et salons de toilettage).
René Michaux, président. De PRODAF (France)
Olivier Dominikowski, président de la commission PRODAF sur la traçabilité et le bien-être animal.
PRODAF (Syndicat professionnel des métiers et services de l’animal familier) est l’union française qui promeut en France un secteur de la filière animale durable et ses parties prenantes directement liées (entreprises et leurs collaborateurs respectifs) avec un souci permanent du bien-être animal.
PRODAF rassemble et représente les distributeurs français (animaleries, jardineries), éleveurs, professionnels de chiens, félins et animaux exotiques, toiletteurs, fabricants, grossistes, importateurs, centres de formation.
Kurt Essmann, président, WKO (Autriche)
L’Association des commerçants autrichiens d’animaux de compagnie fait partie de l’Association fédérale du commerce électronique, de la vente par correspondance et du commerce général basée à la Chambre économique fédérale d’Autriche (Wirtschaftskammer Österreich (WKO).
Norbert Holthenrich, président, ZZF (Allemagne)
Dr. Stefan Hetz, spécialiste des animaux de compagnie et des relations internationales.
Zentralverband Zoologischer Fachbetriebe Deutschlands e.V. est l’association allemande du commerce et de l’industrie des animaux de compagnie. Fondée en 1947, ZZF représente les intérêts professionnels, économiques et socio-politiques de toute l’industrie allemande des animaux de compagnie. Les membres comprennent des entreprises et des sièges sociaux de systèmes dans le secteur des fournitures pour animaux de compagnie, des sociétés de vente en gros, des salons de toilettage, des grossistes et des éleveurs d’animaux de compagnie et l’industrie des aliments et fournitures pour animaux de compagnie. ZZF s’engage à gérer les animaux de compagnie de manière responsable et s’est fixé pour objectif de montrer activement au public, aux médias, à la politique, etc. les effets positifs de la conservation des animaux de compagnie conformément au bien-être des animaux. La société de services de ZZF, en tant qu’éditeur et organisateur d’INTERZOO, le plus grand salon international des fournitures pour animaux de compagnie, joue un rôle de premier plan dans l’industrie internationale des animaux de compagnie.
Traduction : Fédération française d’aquariophilie
Textes originaux :
- Ornamental fish international : Global pet trade writes open letter in response to calls to ban wildlife trade
- An Open Letter to National and International Governing Bodies Regarding NGO Calls to End Live Animal Trade in Response to te COVID-19 Pandemic (PDF)
- Lettre ouverte des acteurs du commerce animalier (traduction de la Fédération française d’aquariophilie)
- UICN : Union internationale pour la conservation de la nature
- IIED : Institut international pour l’environnement et le développement
- CITES : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, également appelé Convention de Washington, en référence au 1er accord intergouvernemental signé le 3 mars 1973 à Washington.
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