La détention, le transport et la commercialisation des escargots ampullaire, interdite en Europe, n’est pas illégale en France !
I ❤️ mystery snail
Ampullaire, l’escargot interdit en Europe !
Le Journal Officiel de L’Union Européenne du 10 novembre 2012 avait publié la Décision d’exécution de la Commission du 8 novembre 2012 n° 2012/697/UE relative à des mesures destinées à prévenir l’introduction et la propagation dans l’Union du genre Pomacea.
Bref, cette directive interdit pour toute l’Europe, le transport, la vente et la détention de tous les Pomacea, couramment appelés ampullaires.
Position et réaction de la FFA
La Fédération Française d’Aquariophilie (FFA) avait réagis en écrivant une lettre à la Ministre de l’écologie et du développement durable en soulignant l’absurdité de cette directive, englobant un escargot élevé depuis plus d’un siècle par les aquariophiles français, présent à des millions de spécimens en Europe, sans jamais avoir constaté d’invasion quelconque ; d’autant plus que les escargots du genre Pomacea ne résistent pas au froid.
En conséquence, la FFA demandait l’exclusion du Pomacea diffusa, l’escargot de nos aquariums, de la liste des espèces interdites lors de la retranscription du texte européen dans la législation française, à l’instar de la Grande Bretagne1 et des Pays Bas.
La ministre n’avait pas suivi la FFA et maintenu l’interdiction de tous les Pomacea, mais avait autorisé sa détention chez les particuliers.
Mr @Hackquarium revient sur l'origine de l'interdiction des escargots Pomacea (#ampullaire) et l'exception française qui en autorise le transport, la détention et même le commerce ! Share on XUne retranscription absente de la loi française !
Or, la FFA a constaté que à ce jour, aucune retranscription de cette directive européenne ne figure dans la législation française, et a pris contact avec le Bureau des espèces exotiques envahissantes du Ministère de la transition écologique et solidaire, qui confirme :
Apparemment la décision d’exécution de 2012 n’a pas fait l’objet d’une retranscription dans les textes nationaux ; parallèlement Pomacea ne fait pas partie des espèces réglementées au titre des EEE, il n’y a donc réglementairement aucune objection à une commercialisation, détention, transport, …. de l’espèce.
Bureau des espèces exotiques envahissantes du Ministère de la transition écologique et solidaire
Néanmoins, nous travaillons sur des listes d’espèces prioritaires au niveau national, et dans le cadre d’une prochaine mise à jour des arrêtés de 2018 il conviendrait effectivement de faire figurer l’espèce…”
Donc, je partage l’interprétation de la FFA :
À ce jour, en France, les ampullaires peuvent toujours être commercialisés , transportés …
Fédération française d’aquariophilie – 23 mars 2019
Biologie : Genre vs Famille
Les outils d’analyse comme la génétique permettent de dépasser les conclusions issues de l’observation. Ainsi, aujourd’hui, Ampullaria ne représente plus un genre, mais une famille2 : les Ampullariidae.
Petit détail rigolo : Les Ampullariidae ont la particularité de posséder à la fois des branchies et des poumons.
Donc, le genre Pomacea, est de la famille des Ampullaridae.
Et les asolènes dans tout ça ?
L’Asolene spixi commercialisé en remplacement des ampullaires interdits est … un Ampullariidae.
Retour sur la prohibition
En fait, il s’avère que la seule “invasion d’ampullaires” constatée est limitée à :
- une zone géographique précise : les rizières du delta de l’Ebre en Espagne ;
- une unique culture agricole : le riz.
Le mode courant de propagation de ce gastéropode est l’introduction de plantes aquatiques avec des juvéniles collés sur les feuilles. Il n’y a aucune relation entre le hobby aquariophiles et les invasions ampullaires constatées : celles-ci sont causés par l’importation depuis l’Asie de pousses de riz, prêtes à repiquer.
Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens
Donc au final, alors que le seul gastéropode potentiellement gênant est le Pomacea insularum3, l’interdiction vise tous les gastéropodes du genre Pomacea.
Cette extension à l’ensemble du genre Pomacea étant légitimée par la difficulté à les différencier visuellement.
- le Pomacea insularum , le vilain responsable de destruction des cultures en milieu humide ;
- le Pomacea diffusa, le gentil détritivore, artisan de la propreté de nos aquarums.
Un autre Pomacea, présent à l’état sauvage en Guadeloupe : le Pomacea glauca : je tâcherai de lui consacrer un article.
Aquariophilie responsable et espèces invasives
I ❤️ mystery snail
Oui, j’adore les mystery snail : je les trouve très beaux et j’apprécie leur contribution à l’entretien de mes aquariums. J’en mets dans tous mes bacs, mais pas dans mon bassin.
Petit détail utile : les Anentome helena4, l’escargot assassin mangeur d’escargot, mangent mes ampullaires uniquement si ils sont affamés et n’ont rien d’autre. En présence de physes ou de planorbes, ils les ignorenent5.
J’ai plein d’amis aquariophiles aux Antilles qui eux aussi en maintiennent dans leur bac, en veillant à ne pas les introduire dans la nature.
Je suis le 1er à m’élever contre ce que je considère comme des mauvaises pratiques : mauvais entretien de bac et prélèvements ou lâchers inconscients et irraisonnés dans la nature6. Par exemple en Guadeloupe, nos petits gobies, le fameux colle-roche, 7 disparaissent, remplacés par des Plecos8 issus d’aquariums locaux.
Je partage la crainte de la FFA, de voir à terme la législation réduire le hobby aquariophile à une liste d’espèces autorisées.
L’observation de la nature, la connaissance et le respect de mon environnement9, et l’éducation à l’écologie font partie des éléments qui entretiennent et attisent ma passion pour l’aquariophilie. Je suis persuadé que plutôt qu’une législation restrictive, dont les 1ers effets seront d’alimenter le trafic et renforcer les pratiques douteuses, il faut éduquer à l’environnement et permettre une découverte effective de la nature.
L’aquariophile est une voie dans cette direction, pour le respect et la protection de la nature, grâce à la connaissance, la recherche et à l’expérience.
Les mouvements actuels de la jeunesse contre les vieux qui gouvernent et permettent le saccage de la planète, renforcent cette conviction.
Votre avis m’interesse
Et vous, que pensez-vous de cette législation ?
Maintenez-vous des ampullaires ou d’autres escargots mystérieux ?
Seriez-vous favorable à une évolution de la législation, par exemple en créant des certificats de capacité (permis aquariophile) ?
…
Sources
- Journal officiel UE du 12 novembre 2012 : Décision d’exécution de la Commission du 8 novembre 2012 n° 2012/697/UE
- Lettre de la FFA à la ministre de l’écologie : Le législateur européen interdit les ampullaires
- Article de la FFA : Ampullaires : commercialisation toujours possible en France !
- Article de la FFA : Quelques réflexions à propos des Ampullaria interdits d’importation, de vente et de circulation
- Réseau Régional de Gestionnaires de Milieux Aquatiques Provence Alpes Côte d’Azur : Un escargot aquatique exotique envahissant s’est installé en Espagne
- C’était avant le Brexit ;-)
- La famille est un ensemble plus vaste que le genre : Règne / Embranchement / Classe / Ordre / Famille / Genre/ Espèce
- Pomacea insularum , originaire d’Amérique , introduit en Amérique du Nord et en Asie où il a fait des dégâts
- Anentome helena appelé auparavant Clea helena
- ils ne mangent pas non plus mes nerites
- Même le relâchement d’un spécimen prélevé sur les lieux même de son prélèvement peut avoir des conséquences fâcheuses comme l’introduction de maladies
- Colle-roche : Gobiidae, Sicydium punctatum et Sicydium plumieri
- Pléco : Hypostomus plecostomus
- je maintiens plusieurs bacs de biotope de Guadeloupe
J’ai eu via les réseaux sociaux, quelques retours avec témoignage —indirect, mais proche et à priori fiable— d’une personne qui aurait été condamnée à 1500€ d’amende, après avoir été dénoncée à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), pour détention d’ampullaires.
Cette dénonciation aurait été faîte par des personnes lui ayant acheté quelques spécimens (no comment).
Si c’est vrai, il apparaît aujourd’hui que cette condamnation n’aurait peut-être pas du être prononcée.
Surtout, il semblerait que tout son cheptel a été détruit, alors que visiblement, dès 2012 la ministre de l’Écologie n’avait pas demandé cette mesure.
Cette personne a été très atteinte moralement et n’a pas fait de publicité de cette mésaventure (il semblerait que ce soit un professionnel).
Quoiqu’il en soit, j’écris en tant qu’aquariophile amateur, et j’essaie dans ma pratique de promouvoir une aquariophilie responsable et consciente, respectueuse de l’environnement et de la législation.
Jusqu’à la publication de samedi dernier de la FFA, cela faisait des années que je croyais que cet escargot était prohibé en France. D’où l’écriture de cet article et son partage.
Si j’obtiens des témoignages ou des articles de presse etc… faisant état de condamnation avérée, je ferai un article.
En attendant, réagissez et partagez l’article, car on va en reparler 👍
C’est un article erroné voire mensonger.
L’interdiction est une décision d’exécution de la Commission Européenne et a donc un caractère contraignant pour les États comme le dispose l’article 288 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne.
Ce sont les directives qui nécessitent une transposition, les décisions d’exécution bénéficient d’un effet direct.
Si cela n’est toujours pas convaincant il y a l’article 249 CE dont je copie ici un passage :
—
article 249 CE
Pour l’accomplissement de leur mission et dans les conditions prévues au présent traité, le Parlement européen conjointement avec le Conseil, le Conseil et la Commission arrêtent des règlements et des directives, prennent des décisions et formulent des recommandations ou des avis.
[…]
La décision est obligatoire dans tous ses éléments pour les destinataires qu’elle désigne.
A bon entendeur.