Un projet d’arrêté ministériel pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces animales invasives en Guadeloupe risque de marquer la fin de l’aquariophilie en Guadeloupe,
J’ai toujours émis des réserves et des mises en gardes sur l’élevage et la commercialisation de poisson comme les plécos en Guadeloupe et même souhaité que l’État légifère à ce sujet.
Cependant, j’ai l’impression que ce projet d’arrêté aura plus pour conséquence immédiate l’éradication de l’aquariophilie amateur en Guadeloupe que réduire l’impact des espèces exotiques envahissantes sur les écosystèmes.
Arrêté NAC Guadeloupe
Cet arrêté ne concerne pas uniquement l’aquariophilie, mais également, la terrariophilie, l’élevage d’oiseaux etc… Certains l’ont surnommé l’arrêté NAC Guadeloupe.
📣 ALERTE 📣 ⛔ L'aquariophilie et la terrariophilie bientôt illégales en Guadeloupe ? et ensuite en France ? Share on XArrêtez les NAC chez vous
Plus largement, cet arrêté ministériel semble s’inscrire dans la tendance actuelle de fragilisation de l’aquariophilie amateur et de ses clubs. Les clubs peuvent être un relai dans la lutte contre les espèces invasives : ils fédèrent de nombreux amateurs qui connaissent les milieux aquatiques locaux ainsi que les espèces autochtones et allochtones.
Bientôt en France ?
Hélas je crains que le mode de rédaction de cet arrêté en écartant les éleveurs amateurs et sa méthode :
- râtisser le plus large possible pour constiturer les listes et prohiber la détention de milliers d’espèces animales 1 ;
- obliger tout particulier, même pour la détention d’un simple guppy, à passer un certificat de capacité et faire homologuer ses installation en tant qu’établissement d’élevage 2 ;
je crains donc que si cet arrêté ministériel est promulgué en l’état, il soit également peu à peu étendu à d’autres territoires : certainement la Martinique et d’autres départements ultra-marins pour commencer, puis la France héxagonale.
Une consultation publique
J’ai eu connaissance de ce projet d’arrêté ministériel par le biais de l’association guadeloupéenne Kazanac dont je suis membre. Il semble d’ailleurs que ni le bureau, ni aucun membre n’ont été contacté dans le cadre de la préparation de cet arrêté.
Le projet de décret est disponible sur le site de la DEAL Guadeloupe, associé à une consulation publique : un formulaire de contact pour émettre son avis
J’ai donc contribué à cette consultation publique pour exprimer mon inquiétude et mes réservecs sur ce projet d’arrêté.
Ci après le texte intégral de ma contribution:
Madame, monsieur,
je tiens à exprimer mon inquiétude et mes réserves à propos du projet d’arrêté relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire de la Guadeloupe – interdiction de toutes activités portant sur des spécimens vivant.
Je m’exprime ici en tant que naturaliste amateur et aquariophile de longue date. Je suis membre de l’association guadeloupéenne Kazanac, du Killi Club de France et je contribue à des programmes de conservation d’espèces en danger.
Très préoccupé par les problématiques environnementales, je suis sensible aux risques que les espèces exotiques font peser sur les écosystèmes, particulièrement en Guadeloupe où la biodiversité est riche mais très fragilisée.
Je me suis réjouis du projet Guad3E mené par le Parc National de la Guadeloupe pour mesurer l’évolution de la présence d’espèces exotiques et leur caractère invasif et ait souhaité que ce projet soit élargi au-delà du parc, à l’ensemble de la Guadeloupe.
J’ai apprécié les décisions récentes de l’État concernant les Îles de la Guadeloupe :
- interdire l’introduction de tout végétal exogène dans le milieu naturel ;
- prohiber une centaine de végétaux sur l’ensemble du territoire.
Très impliqué dans le monde de l’ichtyologie, j’assiste au déclin de la faune aquatique de la Guadeloupe et au caractère envahissant à certains endroits de certaines espèces végétales et animales exotiques. Et en même temps, je suis alerté par des situations analogues, ailleurs, dans des environnements et des lieux différents.
J’attendais les prochains arrêtés de l’État relatifs la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire de la Guadeloupe avec un à-priori favorable.
J’ai donc été fort surpris, par ce projet d’arrêté qui, en l’état, semble vouloir interdire l’élevage amateur et les loisirs à caractère scientifiques comme l’aquariophilie, la terrariophilie et plus généralement l’élevage de NAC en Guadeloupe.
Cet arrêté interdirait des familles entières –c’est à dire des milliers d’espèces– dont certaines sont la base de l’élevage amateur, et en même temps obligerait dans un délai de seulement 6 mois, tous les actuels détenteurs de spécimens d’espèces courantes à passer un capacitaire et en plus à faire valider leur installation d’élevage au même niveau qu’un établissement professionnel. Même pour un unique guppy !
Il est probable que ce décret entraînerait à court terme la disparition d’associations, de plusieurs magasins et de nombreux d’emplois en Guadeloupe tout en contribuant à créer un milieu clandestin lié au secteur de l’élevage amateur.
J’ai toujours considéré les pratiques naturalistes amateur comme l’aquariophilie comme des activités saines et positives. J’essaie de pratiquer une aquariophilie vertueuse conscient de ma responsabilité et de l’impact potentiel de mes actions, d’éleveur et plus globalement de citoyen, sur l’environnement.
Pourtant, j’ai depuis des années plusieurs aquariums dont certains avec des Poecillia reticulata (guppy). Dois-je me considérer comme un agent destructeur de la biodiversité de la Guadeloupe ? Doit-on poursuivre l’Agence Régional de Santé de la Guadeloupe qui envoie des guppies par containeurs entiers à Saint-Martin ?
Il est de notoriété publique que les espèces invasives sont un des facteurs de destruction de la biodiversité. Mais l’introduction d’espèces invasives a peu de liens directs avec l’activité des éleveurs amateurs : c’est surtout notre mode de vie et de consommation-production qu’il faut pointer du doigt. Le Typhlops guadeloupensis disparaît, supplanté par le T. braminus, introduit via du terreau horticole importé d’Inde. La grenouille de Cuba est arrivée via des plantes importées…
En ce qui me concerne, je vais donc prendre contact avec les services administratifs et entamer les démarches pour passer un capacitaire puis faire valider mon installation comme établissement d’élevage, conscient que, dorénavant j’appartiens au passé et que je serai certainement dans les dernières générations à avoir maintenu de la faune aquatique en Guadeloupe.
À cause de l’imminence de ce décret, j’ai annulé un projet pédagogique avec une école de la commune du Moule qui consistait à faire un aquarium avec des guppies. Nous considérions avec l’équipe pédagogique qu’un aquarium à l’école est un outil éducatif et pédagogique aux multiples facettes…
Priver une population entière de la possibilité d’élever des animaux en captivité n’aidera pas à régler le problème des espèces exotiques envahissantes et surtout érodera encore davantage les connaissances et la conscience écologique de la majorité.
Étant aquariophile, je vais illustrer mon propos en prenant comme exemple quelques poissons issus de cette liste, actuellement en vente libre, répandus chez les particuliers, prochainement interdits et réservés aux seuls titulaire d’un certificat de capacité ainsi que aux détenteurs d’installations d’hébergement officiellement reconnues comme établissement d’élevage.
Je prendrai seulement des exemples de poissons que l’on trouve dans le commerce, mais je signale que comme beaucoup d’aquariophiles, les souches de poissons que je maintiens sont majoritairememt issues d’échanges entre amateurs via des clubs, des bourses ou des conventions.
Les Plécos
Des plécos prolifèrent depuis longtemps dans certaines zones de la Guadeloupe et occupent la niche écologique de poissons locaux. La presse locale relaie cette information assez régulièrement et des associations comme Kazanac profitent d’événements publics comme la récente foire canine de Baie-Mahault pour faire de la pédagogie et mettre en garde sur les dangers de relachement sauvage ou sur les bonnes pratiques d’implémentation de bassin.
Cependant, bien que connue et dénoncée depuis des années, aucune campagne ou action d’éradication de ces espèces invasives, à ma connaissance n’est menée en Guadeloupe.
La majorité des aquariophiles sérieux condamnent l’importation et le commerce des plécos car ceux-ci, en plus de leur cacactère invasif avéré, ont des exigences de maintenance que peu d’aquariophiles peuvent leur offrir.
Cependant, je doute que le simple fait de prohiber toute la famille des Locariidae (92 genres, 680 espèces) suffise à régler le problème. Surtout, je crains que la publication d’une telle règle, de manière brutale et sans communication publique préalable —certains magasins proposent en ce moment des plécos à leurs clients—, ne nuise au résultat recherché en amenant le public à penser qu’il s’agit d’un règlement arbitraire et pas important.
Ou pire, que certaines personnes isolées, par peur ou ne souhaitant pas passer de certificat de capacité ni créer un établissement d’élevage, relâchent dans les milieux naturels les spécimens qu’ils détiennent.
Les golomines
Golomine est le nom vernaculaire pour désigner les Poecilia reticulata et Poecilia vivipara, introduits en Guadeloupe depuis la moitié du XXème siècle par l’État français dans le cadre de la lutte anti-moustiques. Le Poecilia reticulata n’est autre que le guppy, poisson phare de l’aquariophilie amateur et champion des ventes en animalerie.
Je connais le statut invasif du Guppy en Guadeloupe, mais là encore, je doute du bien-fondé de son interdiction au niveau de l’aquariophilie amateur : non seulement, les guppies rencontrés en milieu naturel ne présentent pas les caractères de sélection des guppies que l’on peut acheter en animalerie, mais surtout des services de l’État encouragent régulièrement l’utilisation des golomines pour lutter contre les moustiques, comme l’ARS qui procède régulièrement à des distributions gratuites de golomines.
Les xiphos
Autre poisson répandu chez les aquariophiles amateurs et concerné par la liste : le Xiphophorus hellerii. Dans les années 1970, époque où aucun club d’aquariophilie ni magasin spécialisé n’existait en Guadeloupe, des aquariophiles ignorants des problématiques d’invasions biologiques à venir auraient rejeté des spécimens de xiphophorus dans la nature.
Le même phénomène a eu lieu au même moment dans d’autres îles de la Caraïbe. Il me semblait d’ailleurs que Xiphophorus hellerii était considéré dans la Caraïbe comme une espèce naturalisée et non pas invasive ?
Comme pour le guppy, les morphes de Xiphophorus hellerii rencontrés dans la nature sont différents de ceux rencontrés en magasin ou chez les aquariophiles amateurs. On trouve aujourd’hui en animalerie d’autres espèces comme le X. maculatus qui vivent avec les mêmes paramètres que le X. hellerii.
Conclusion
Je m’exprime en tant que ichtyologue amateur, mais je précise que je partage l’inquiétude de mes collègues terrariophiles, herpétologues amateurs très impactés par ce projet d’arrêté. Et comme eux, je déplore l’absence de prise en compte ou de consultation des éleveurs amateurs pour l’édification de ces listes prohibant des espèces animales en Guadeloupe.
En conclusion, je crains que la promulgation soudaine d’un tel arrêté, avec cette liste associée à ces modalités de régularisation pour les actuels détenteurs ou d’autorisation pour les futurs candidats :
- contribuerait davantage à l’éradication de l’aquariophilie et de la terrariophilie qu’à la réduction de l’impact des espèces exotiques invasives sur le territoire de la Guadeloupe ;
- aurait un impact économique fatal sur un secteur économique dynamique mais fragile (les animaleries).
J’ajoute que compte tenu du nombre extrêmement élevé de personne détenant un simple guppy, la publication de cet arrếte devrait entraîner une explosion du nombre de demandes de certificat de capacité. Si les services ne sont pas submergés de demandes, cela signifierait alors que le discours de l’État en la matière n’est pas entendu ou écouté.
Je veux simplement pouvoir poursuivre mes activités d’ichtyologue amateur, dans le respect de l’environnement et des réglementations en vigueur. Je veux aussi pouvoir continuer à partager et transmettre l’expérience et la connaissance des milieux aquatiques à des jeunes publics via des activités associatives et des projets pédagogiques.
Je souhaite donc que ce projet d’arrêté soit révisé en intégrant les éleveurs amateurs dans le processus d’édification des listes et que soit mis en place un programme d’accompagnement des particuliers pour l’obtention du certificat de capacité ainsi que l’homologation de leurs installations d’hébergement en établissement d’élevage.
Je souhaite également être informé des résultats de cette consultation publique ainsi que des suites de ce projet d’arrêté.
Olivier Watté
Ma contribution à cette consulation publique est publiée en intégralité sur le blog de Mr Hackquarium : https//hackquarium.lebiklab.com
Bravo de ne pas laisser importer en Guadeloupe des animaux qui pourraient pourrir notre île.
Que fout déjà ce zoo en Guadeloupe ?
Nous avons appris que des signes verts venant de St Martin ont été lâchés en Guadeloupe
Guadeloupeens Qu ‘attendez-vous pour réagir ?
Je voulais dire Des SINGES 🐵 verts. Animaux très malsains et porteur de Maladies et de Microbes
Qui se reproduiront dans nos campagnes et forêts
Ceux qui importent dans notre île ces animaux sont des Inconscients
Je voulais dire Des SINGES 🐵 verts. Animaux très malsains et porteur de Maladies et de Microbes
Qui se reproduiront dans nos campagnes et forêts
Ceux qui importent dans notre île ces animaux sont des Inconscients