Je suis aquariophile de très longue date, et je m’interresse également aux reptiles, mais uniquement d’un point de vue naturaliste spectateur, c’est à dire en tant que simple observateur dans mon jardin ou lors de mes expéditions.
J’ai plein d’amis aux Antilles, amateurs de NAC et terrariophiles et récemment, nous avons eu plusieurs conversations et débats sur les iguanes en Guadeloupe et Martinique.
Les iguanes des petites Antilles
Aux Antilles, on trouve 2 espèces d’iguanes : l’Iguana delicatissima, espèce endémique des petites Antilles, classé « en danger critique d’extinction » par l’UICN. Cette raréfaction est due, non seulement aux causes habituelles de disparition de la faune locale : destruction des habitats, braconnage, trafic routier, prédations par des mangoustes, des chiens et des chats, mais également a cause de son cousin américain l’Iguana iguana, iguane commun, importé en Martinique en 1965 par un naturaliste, le Père Pinchon. Les Iguanes se déplacent également en mer de manière autonome grâce à des radeaux flottants.
En effet, les 2 espèces s’hybrident, au détriment de l’Iguana delicatissima moins fécond. On estime le déclin actuel supérieur à 10% par générartion1Une génération d’iguane c’est 10 à 15 ans[/notes]
Si la capture et l’élevage de l’Iguana delicatissima sont évidemment prohibés, certains se sont demandé ce que il en était pour l’iguane commun. D’autant plus que en France hexagonale, la détention de cette espèce classée en colonne B de l’annexe 2 de l’arrêté du 8 octobre 2018, est simplement soumise à déclaration. Aucun certificat de capacité n’est nécessaire, pour une détention jusqu’à 3 spécimens.
Peut-on élever un iguane commun aux Antilles aujourd’hui ?
Depuis un petit moment, l’obligation d’un certificat de capacité (CDC) n’es pas uniquement motivé par la dangerosité de l’espèce pour l’homme (venin, toxicité), mais aussi le menace qu’il fait peser sur l’environnement, notemment pour les espèces exotiques invasives (EEE). Dans le cadre d’un établissement, il s’agit par exemple de prouver que les espèces maintenues sont bien traitées et aussi ne peuvent pas s’échapper.
En ce qui concerne l’iguane commun, il y a eu pendant longtemps une différence entre la Martinique et la Guadeloupe : l’iguane commun étant considéré en Guadeloupe comme une espèce protégée (arrêté ministériel du 17 février 1989 relatifs aux mesures de protection desreotiles et amphibiens dans les départements de Martinique (annexe 1) et de Guadeloupe (annexe2)
extrait : « Sont interdits sur tout le territoire des départements de la Martinique et de la Guadeloupe et en tout temps la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la naturalisation des espèces visées, qu’elles soient vivantes ou mortes, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat. »
Depuis, la situation a évolué et l’iguane commun est maintenant considéré comme une espèce invasive en Guadeloupe, comme en Martinique. Mais, même avec ce statut, des organismes d’état comme le PNG ou l’ONF doivent faire des demandes d’autorisation de capture, que ce soit à des fins d’étude ou de destruction.Pour l’iguane commun, il existe 3 modes de capture reconnus (main, filet, canne) et quand un organisme a l’autorisation de capture, il doit faire former ces agents à ces modes de capture. Certains sont autorisés à 1 ou 2 mode seulement selon les formations qu’ils ont reçu.
Un nouvel arrêté paru en octobre 2019 interdit « Sur tout le territoire national et en tout temps, la détention, le transport, la naturalisation, le colportage, la mise en vente, la vente ou l’achat, l’utilisation commerciale ou non, des spécimens prélevés dans le milieu naturel du territoire de la Guadeloupe après la date d’entrée en vigueur de l’interdiction de prélèvement relative à l’espèce à laquelle ils appartiennent. »
Car autant que la détention se pose la question de la provenance : tout animal non domestique (en gros, tout NAC) doit être accompagné d’une attestation de cession (CERFA n°14367*01)
Circuit animalier officiel et attestation de cession
Même si l’iguane commun a un statut particulier en France héxagonale : possibilité de détention jusqu’à 3 individus sans CDC, leurs propriétaires doivent néanmoins les déclarer et les pucer. Par exemple, la ferme tropicale à Paris en vend en fournissant systématiquement cette attestation de cession (document obligatoire, même pour un don).
Pour revenir sur la Guadeloupe et la Martinique, le projet d’arrêté ministériel pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces animales invasives inclut l’iguane commun parmi les animaux dont la.detention ou la manipulation (même morts) sont interdits et sera donc soumis à capacitaire.
Bref, c’est non 😅
En conclusion, il est peut-être encore théoriquement possible, à condition de pouvoir en justifier la provenance, c’est à dire un spécimen né en captivité et issu d’un circuit animalier officiel, de détenir sans CDC, de 1 à 3 iguanes communs (Iguana iguana), mais ça reste théorique et c’est bientôt fini …
Et surtout élever un iguane attrapé dans son jardin est formellement interdit …
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