En ce moment, j’ai plein de belles aventures grâce à mes aquariums et leurs pensionnaires. Après l’expédition Kryptolebias marmoratus, le dernier truc de dingue en date : un blob apparu spontanément dans un de mes aquarium !

Je trouve ça tellement fascisant et incroyable d’avoir un blob que j’ai même envisagé d’en faire une vidéo. Je partage en 2  articles les notes que l’ai prise en préparation de cette vidéo, dans le but de répondre à 3 questions :

1. qu’est un blob, et particulièrement un blob aquatique, du point de vue de la biologie ?
2. description de l’aquarium du blob ?
3. quelques hypothèses sur l’origine du blog, son introduction et son apparition dans mon bac …

Partie 1 : Un blob, c’est quoi ?

Le blob, le truc le plus incroyable dans un aquarium !

Un organisme mono-cellulaire géant, ni végétal, ni animal, ni champignon, quasi immortel et doté d’intelligence ?

C’est le blob !

C’est un organisme monocellulaire qui peut dépasser 10m2 ! Le blob est un objet d’études et de recherches et pose de nombreuses questions scientifiques mais aussi philosophiques.

Il trouve la sortie d’un labyrinthe, partage sa mémoire avec un congénère quand il le rencontre ou bien, fusionne avec lui !

J’avais déjà rêvé plus d’une fois d’observer un blob, mais je ne m’attendais pas à en avoir un dans mes bacs et encore moins à son apparition de manière spontanée !

Une créature sortie du cinéma !

Le nom blob¹ a été donnée par la chercheuse française Audrey Dussutour, en clin d’oeil au Film The Blob, un film d’horreur de 1958 avec Steve Mcqueen.

Sans doute le plus vieil organisme possible dans un aquarium !

Le blob est une forme de vie apparue sur terre il y a 1 milliard d’années. À titre de comparaison, les dinosaures sont apparus il y a moins de 250 millions d’années et les humains il y a seulement 6 millions d’années !

Le blob en biologie

Les blobs appartiennent à l’ordre des Amoebozoaire, ce sont des myxomycètes. Il grandissent et se reproduisent comme des champignons et se nourrissent par phagocytose² comme les amibes.

La majorité des blobs étudiés sont des Physarum polycephalum.

Du sclérote au plasmode (et inversement …)

Le plasmote est la forme active du blob : c’est une cellule géante contenant de très nombreux noyaux, c’est sous cette apparence caractérisque que j’ai constaté la présence d’un blog dans un de mes aquarium.

Le sclérote³ est la )forme dormante d’un blob, c’est certainement sous cette forme que j’ai introduit sans le voir un blob, en utilisant les feuilles ramassées dans mon jardin ou plus vraisemblablement des vieilles cabosses de cacao récupérées dans le compost …

720 types sexuels pour les blob !

Le blob est vraiment une créature étrange et surprenante. En plus d’être un organisme monocellulaire intelligent et doté d’une personnalité, ce “génie sans cerveau” suscite également des questions sur la notion de genre telle que nous la connaissons : tandis que les mammifères sont déterminés sexuellement par 2 chromosomes, X ou Y, il existe chez le blob 720 types sexuels !

Le génome des blobs possèdent trois sites impliqués dans la détermination sexuelle :

“Dans un site il y a quinze possibilités d’allèles, dans un autre 16 et dans un autre 3. Si on fait toutes les combinaisons potentielles de ça, on arrive à avoir cette extraordinaire variété de types sexuels ; même s’ils ne sont pas tous compatibles”

Luca Morino, curateur du blob au parc zoologique de Paris.

Des blob aquatiques ?

Les myxomycètes que l’on peut rencontrer dans nos aquariums appartiennent au genre Didymium, dans la famille des Didymiaceae. On dénombre actuellement 96 espèces connues de Didymium.

Ils ont également une forme terrestre et certains auteurs mentionnent qu’on en trouve parfois au pied d’hortensias !

Des blobs endémiques de la Guadeloupe ?

Il y a + 1000 espèces de blobs connues et les chercheurs estiment qu’il en existerait plus de 10000 ! On considère également que c’est en milieu tempéré que l’on rencontrerait le plus de blobs.

La chercheuse Audrey Dussutour a démontré que des blobs de la même espèce, mais d’origine différente ont des différences comportementales marquées. Elle signale aussi la présence probable de blobs dans les jardins où l’on pratique la permaculture ou bien dans du compost.

Compte tenu de la “simplicité” de l’organisme du blob, mais surtout son âge, ses modes de propagation, reproduction, hibernation … je ne suis pas sûr que la notion d’endémisme est pertinente pour lui ? De toute famon, je ne connais même pas vraiment son espèce… Par contre ce dont je suis certain, comme je l’explique dans l’artcile partie 2 , c’est que ce blob provient plus que vraisemblablement de mon jardin en Guadeloupe.

Un blob dans l’espace !

Parmi les expériences scientifiques menées par Thomas Pesquet dans la station spatiale, il y a notamment du la culture de blob (et aussi de l’hydroponie).

Le CNES a d’ d’ailleurs intégré un volet science participative à ces expérimenatations avec le projet #elevetonblob qui a concerné 2000 écoles.

Mon blob s’appelle Thomas

En hommage à Thomas Pesquet, héros positif moderne, j’ai donc appelé mon blob Thomas 😉 ⁴

#WelcomeHomeThomas

Références blob

À voir

À Écouter

France Culture, la méthode scientifique : Le blob, un amibozoaire qui vous veut du bien (21/10/2019)

À lire sur le web

• SLICOMO (The Slime Mould Project) Aquatic BLOB (French version) (24/01/2017)
• Zanndoli (blog terrariophilie) BLOB (Physarum polycephalum)
• France Inter : Le blob, 4 super pouvoirs à connaître (19/10/2019)
• A review of the Costa Rican myxomycetes (Amebozoa) Carlos Rojas Escuela de Biología, Universidad de Costa Rica, San Pedro de Montes de Oca, 11501 …
• A review of Neotropical Myxomycetes (1828-2008)

Livre à acheter :

L’une de mes prochaines lectures :

• Audrey Dussutour, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander

Et vous, ça blob ?

Si vous élevez des blobs ou si voyez une erreur à corriger dans l’article ou un élément à ajouter, merci de laisser un commentaire 🙂

1. en anglais slime mould
2. phagocytose : type d’alimentation qui consisiste à absorber la matière organique à l’intérieur de ses cellules, plutôt que de la puiser dans l’environnement
3. Le sclérote est la forme de conservation hivernale de certains champignons. Il est formé de mycélium compact. Souvent on peut distinguer une couche externe pigmentée (cortex) entourant un pseudoparenchyme (medulla) contenant des réserves nutritives. source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sclérote
4. Il y a déjà 2 Audrey au Bik Lab, il était donc difficile d’envisager de l’appeler Audrey :-D